Peintures
David Géry ; peintre des confins
Un étrange artiste, par ailleurs metteur en scène au théâtre, nage dans les eaux profondes des noirs d’abîme et des bleus d’extrême opacité.L’interminable nuit de David Géry, comme un rêve infini, vit sans cesse de l’univers qu’elle féconde, et naît toujours de l’énergie qu’elle saisit. Plus il creuse, plus il s’éloigne de l’image, et plus il envoûte l’espace peint, notre seule demeure habitable. Dans ce combat à peinture nue, l’artiste, sombre magicien, s’ouvre aux fondamentaux de la couleur, du corps et de la nuit. Quand la lave humaine sommeille dans les profondeurs bloquées, David Géry assène la singularité terrifiante et fabuleuse du ressenti archaïque. Explorateur d’un resserrement chromatique inouï, dans la tension exacerbée du bleu assourdi et tendu et du noir absolu, il creuse des trous dans la lumière. On dirait qu’une partie de la toile s’est levée pour recouvrir le monde, on dirait que la nuit vient prendre la toile... Et les souvenirs des choses terrestres deviennent autant d’ascèses picturales, couleurs d’espace ultime absorbant les trop fragiles apparences, dans l’univers sans borne du dehors et du dedans.
Parole d’avant-message, creusée de ciel intime, déposée, comme une buée, sur la toile immense. La main d’absence a retiré le corps et le sang. Le vide occidental, accumulé, dégorge et l’opacité se noie dans ces plénitudes surgissantes.
Christian Noorbergen
Critique d'Art
Extrait du Site Critic’Art